Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Profiter de l'air du temps, prendre la poudre d'escampette.
13 janvier 2009

CHRONIQUES DE LA DEMI-LUNE

 

Petit reportage sur un bien beau week-end à Agnielles.

Localisation des événements :

Cadre : panorama d'exception. Dans le plus beau pays du monde, selon les dires de Noël qui a réussi à nous en convaincre,Jean-Baptiste et moi, après une discussion animée dans la voiture, preuves statistiques à l'appui. Imparable...

La preuve en images :

P1080898  P1080904  P1080921  P1080922

 DSC_0040  photo prise par NoëlDSC_0052 Celle-là aussi DSC_0068  celle-là itou

 

La montagne, généreuse, nous en a mis plein les yeux en cette belle saison où "le soleil et la pluie ont rouillé la forêt", comme le dit si poétiquement Madame Chaffois.

D'aucuns prétendent qu'on ne peut séjourner à Agnielles en Beauchaine sans y laisser un peu de son âme,  son coeur, en tous les cas une part de son enfance.

Tenant ces propos des "enfants d'Agnielles", j'ai toujours trouvé cette affirmation un tantinet prétentieuse, ayant moi-même laissé un bout de mon âme, de mon coeur et définitivement la meilleure part de mon enfance en d'autres lieux, pourtant en tous points dissemblables à Agnielles. Je me disais que ce symptôme était ni plus ni moins ce que j'appelle le "syndrome de la bouture", la déchirure du déracinement...


P1080930  P1080942  P1080943  P1080947

Ça, c'était avant... Avant d'avoir mené l'enquête auprès d'autres personnes ayant séjourné à Agnielles. Pour la famille Bottet (et pas seulement pour les enfants Bottet), pour Martine Jacquot si j'en crois le livre qu'Agnielles lui a inspiré, et tout récemment pour Véronika, venue passer une année au pair au sein de la famille Richardier à l'âge de 18 ans, mêmes symptômes ! Existerait-il un "Effet Agnielles", aussi incontestable que le célèbre "Effet Papillon" qui serait la théorie de l'Harmonie, de l'Unité et de l'Ordre des choses et dont le théorème pourrait se formuler ainsi : "Tout corps plongé dans les Gorges d'Agnielles, entièrement convaincu de vivre une expérience hors du commun, subit une force symbiotique dirigée de bas en haut et du coeur à l'âme telle qu'il gardera à jamais l'empreinte de son séjour, sous forme du poids de la nostalgie opposé à une vie plus fluide, ce qui serait déplacé". Oui, je sais, j'ai pompé sur le principe d'Archimède, qui n'a absolument rien à voir avec la théorie du chaos, mais mon théorème est assez chaotique et doit donc s'en approcher... 

P1080933  DSC_0220photo NoëlDSC_0265aussiDSC_0372

P1080985  DSC_0365 Noël DSC_0189 NoëlDSC_0407

Véronique et Véronika complotaient donc depuis belle-lurette et en catimini pour nous concocter un retour aux sources aux p'tits oignons, un week-end en immersion totale à Agnielles en Beauchaine, dans le beau pays du Büech, rejointes par Fabienne, experte en science du repos et du ravitaillement, pour la prise en charge technique de ces retrouvailles.

Quelques spécialistes en tartes et autres mets délicieux ont composé pour l'occasion de bien
jolis plats colorés et délectables, que tout le monde s'est empressé d'engloutir avec
gourmandise et sans se faire prier, tant l'attente des retardataires a fait débuter le pique-nique à une heure que d'aucuns ont qualifiée "d'espagnole", immédiatement rebaptisée "l'heure Richardier" par... (hé, vous ne croyez pas que je vais cafter tout de même !).


P1080993  P1080998  P1090001  P1090048

On pourrait écrire un livre que l'on appellerait : "Libres enfants d'Agnielles"

L'après-midi du samedi, chacun a déroulé ses souvenirs. Les "valeurs ajoutées" de la famille ont pu s'y balader comme au souk, faisant leurs emplettes au marché des souvenirs :

"Te souviens-tu quand nous étions descendus à La Faurie toi, moi et la Louise qui tirait la charrette chargée de lavande" ? Demande Véronika. "Non, répond Jean-Baptiste" - "Pas étonnant, tu n'avais que 3 ans. Je venais d'arriver et tu ne m'aimais pas beaucoup... Tu me disais alors "tu m'embêtes !" avec des étincelles dans ton regard sombre. Ce voyage de 6 H nous a vraiment permis de nous rapprocher".

"Je me souviens du jour où Jean m'avait laissé remonter tout seul jusqu'à Agnielles car je m'étais trop attardé devant la vitrine de la boulangerie. Je n'avais alors que 5 ans et la route était longue...". Raconte Noël.

"Et nos jeux dans les ruines... On jouait à faire dégringoler les
pierres et on appelait ça : casser les murs". "Ah oui, et moi, j'ai eu beaucoup de chance : un jour, je suis resté coincé longtemps sous une grosse pierre que j'avais fait débarouler. Je ne pouvais pas bouger et personne ne venait me chercher... J'avais un peu peur."

Et le jour où Marie-Eve avait disparu à l'heure du repas... Tout le monde l'a cherchée partout toute l'après-midi. C'est Louis Morize qui l'a retrouvée à la tombée de la nuit, en bas des gorges, assise au bord du précipice. Épuisée, elle s'était assoupie".

 DSC_0148 Noël DSC_0123 Noël DSC_0176 Noël DSC_0202 Noël DSC_0241

Ce qui se dégage du récit de tous ces souvenirs, c'est un sentiment de complète liberté. Jean et Odile auraient choisi un retour à la vie sauvage, ils ne s'y seraient pas pris autrement... Une existence simple. Un quotidien rude aussi, mais le temps s'écoulait, sans peurs, sans entraves. J'ai comme l'impression que tout était envisageable, rien n'était impossible. Un climat de totale confiance en la vie.

DSC_0451 Noël DSC_0474 Noël DSC_0260 Noël DSC_0321 Noël DSC_0459

DSC_0551_b Noël DSC_0513 Noël DSC_0188 Noël DSC_0615Noël P1090068  P1080957  P1080989  P1090006  P1090166

Rythmée par les saisons, la vie pourtant devait être rude dans ce hameau perdu des Hautes-Alpes, sans électricité, sans eau chaude, coupé du reste du monde durant les longs mois d'hiver, le téléphone n'étant arrivé à Agnielles que bien tardivement. Il y avait pourtant une douche, sommaire et froide évidemment : une claie en bois qu'on posait sur les WC à la turque, réservée aux jours les plus chauds de l'été. Le reste du temps, une marmite d'eau bouillante frémissait en permanence sur le gros fourneau qui trônait dans la cuisine...

P1090013  P1080960  P1080965  P1080963  Village_3 Noël

Dans la maison des Richardier, il y avait 3 chambres : le dortoir des garçons, celui des filles et la chambre des parents. Le ronflement du poêle servait de berceuse pour s'endormir, mais au petit matin, quand le feu s'était consumé depuis de longues heures et que l'eau avait gelé dans le verre au pied du lit, comme il devait être dur de quitter la chaleur des couvertures pour aller affronter la neige et le froid !  Pour Nathie, c'est pourtant le souvenir d'une ambiance chaude qu'elle évoque avec nostagie. Elle raconte la douce chaleur du dernier baiser qu'Odile déposait tous les soirs à chacun des enfants de la maison, qu'ils fussent les siens ou non, suivi du signe de croix sur le front, et le tendre "fais de beaux rêves" susurré à l'oreille, qui rassure quand la nuit est noire et peuplée des fantômes de ce village si particulier, vidé de ses habitants quelques décennies plus tôt pour des raisons qui restent obscures. 

JB se souvient encore,  des étincelles dans les yeux, des feux d'artifices qu'ils s'amusaient à produire, à la veillée, avec les lampes à carbure. Feux follets dansants dans le noir, ambiance de fête, féerie enfantine pour le petit Baptistou, un pouce dans la bouche et son "mimi" collé contre son oreille... (Je ne sais pas vous, mais moi, j'ai du mal à imaginer Jean-Baptiste avec un "mimi" !)


P1080928  P1080967    P1090003  P1080993

Moment fort, d'une grande émotion  à la lecture de la dernière lettre que Freddy, le petit frère d'Odile mort en camp de concentration, écrivit à sa femme Mageot et à son fils Franck.

Puis chacun a testé sa capacité thoracique au cors de chasse. Un pur moment de.... "massacrage" d'oreilles !

P1090059  P1090054  DSC_0439Noël DSC_0473 Noël DSC_0496Noël DSC_0504 Noël

Michel a tenté de faire faire à ses drapeaux la chorégraphie de la danse des papillons  mais malheureusement, il n'y avait pas assez de vent... Et ils n'ont pas pu s'envoler. Mais c'était bien joli tout de même.

P1090037  P1090042  P1090029  P1090036  DSC_0417 Noël

Et pendant ce temps,  à pas de loup, la montagne revêtait son manteau d'ambre et de pépites de rousseur.


P1090070  P1090071  Village_7


Le soir venu, tout ce beau monde s'est retrouvé,  fatigué par cette longue première journée de pèlerinage, au gîte choisi par Fabienne, tenu par des anglais et.... par le plus grand des hasards, voisins directs de la "Fontvineuse", maison de nos amis Babette et Jean-Claude Fages. Quelle surprise, quelle coïncidence !  Je n'en reviens toujours pas...

Au cours de ces retrouvailles, il y a quand même eu quelques carabistouilles, billevesées, calembredaines et coquecigrues... Mais il faut bien que les vagues bondissent de temps en temps à la surface de la mer pour nous rappeler qu'elle est multiple et complexe et que ses doux clapotis cachent parfois de terribles tempêtes. La faute sans doute au trop plein d'émotions cumulées lors de cette dense journée. Mais ce n'est que l'écume des choses. Et tout était oublié avant même de se retrouver autour des deux tables de la salle à manger pour partager un bon repas (pas trop british thanks god). Et la soirée s'est prolongée en discussions animées...

DSC_0600 Noël DSC_0606__1_ Noël DSC_0608__1_ Noël

Vous connaissez l'histoire des Dix Petits Nègres ? Dix petits Amis dormaient la nuit, l'un partit sans rien dire à personne il n'en resta plus que neuf... Dimanche matin, surprise ! Martin n'était plus dans son lit. Il était reparti avec, dans sa voiture, toutes les affaires de Michel... Fabienne en a profité pour manger son croissant na !

P1090073

 Et puis, le voyage spatio-temporel a continué...

P1090295


P1090075

Jean-Baptiste et moi sommes passés chercher Jean-Claude et Babette. Puis ensemble, nous sommes allés chercher la "première maîtresse de mon mari"... Nous en avons profité pour embrasser son mari à elle, un jeune nonagénaire qui fêtera ses 100 ans en février, comme moi (enfin, ce que je veux dire, c'est que comme moi, il est né en février !).

P1090081  P1090086

P1090077  P1090088  P1090078

 Ce matin-là, le brouillard avait mangé la montagne. Nous étions sous le charme et Madame Chaffois s'est souvenue de ces quelques vers de Maurice CAREME.

"Le brouillard a tout mis dans son sac de coton, Le brouillard a tout pris autour de ma maison"

P1090092  P1090093   P1090099  P1090090  P1090091

Josette avait insisté pour qu'on s'arrête à Aspres Sur Büech pour aller voter. Pas question de ne pas participer à ces premières "primaires" primordiales. Et bien sûr, puisque sa maîtresse le veut, JB s'exécute. 


P1090107  P1090109  DSC_0699__1_ Noël DSC_0705__1_ Noël 

P1090115  P1090126

Émouvantes retrouvailles entre Josette Chaffois et ses tous premiers élèves.

Ce qui étonne par-dessus tout, c'est la vivacité d'esprit de cette maîtresse femme qu'est Madame la Maîtresse. Du haut de ses 87 ans, sa mémoire reste d'une remarquable clarté, d'une netteté parfois même supérieure à celle de ses anciens élèves, pourtant beaucoup plus jeunes qu'elle. Elle se souvient du caractère de chacun, de ses points forts, de ses faiblesses. "Te souviens-tu Jean-Baptiste alors que tu n'avais que 4 ans ? Trop petit pour aller à l'école, tu passais et repassais sans cesse devant la fenêtre et tu me lançais, sans même lever les yeux : -bonjour maîtresse. Je n'ai pas pu résister bien longtemps. J'ai fini par craquer et te prendre avec nous malgré ton jeune âge."

Mais ce qui m'a le plus touchée, c'est quand elle s'est excusée auprès de Noël de ne pas l'avoir compris, il y a 57 ans de cela !

 

P1090139  P1090146  DSC_0719 Noël DSC_0729 Noël

Séance photos sur les marches de l'école...

P1090160  P1090171 Agnielles_21_ans

Noël, qui avait apporté avec lui d'anciennes photos, a proposé de les refaire, avec quelques dizaines d'années de plus, pour s'amuser à rechercher l'empreinte du temps sur chacun... Remake de la mythique photo devant la maison... Et d'autres, non moins mythiques...

Agnielles_55_ans_1  Agnielles_55_ans_2Agnielles_55_ans_3

Agnielles_55_ans_4  Agnielles_55_ans_5  Agnielles_55_ans_6

Agnielles_55_ans_7 Agnielles_55_ans_8 Agnielles_et_Aspres_55_ans

Agnielles_les_gorges


P1090173

  P1090181  P1090182   P1090190

P1090195 On a même fait un saut dans le futur et anticipé sur le vieillissement de chacun ! On voit que La Maîtresse conserve sa jeunesse et sa cambrure... Olé !

Puis Josette a fait chanter tous ses anciens élèves "au moulin", au bord de la rivière... Colchiques dans les prés, On l'appelait nez rouge, Compère Guilleri, La truite... Piquée au jeu, elle intervenait même pour signifier quand il fallait ralentir ou accélérer, chanter fort ou au contraire chuchotter...

P1090230  P1090227  P1090231  P1090251

Puis l'heure est venue pour elle d'aller rejoindre son mari qui avait préféré rester chez lui pour suivre le match de rugby.

P1090252  P1090254 

Et nous avons déplié les couvertures pour un dernier pique-nique au bord du Buëch...

P1090259  P1090260  P1090178  P1090215

Michel a pu enfin faire voler ses drapeaux-papillons... Et ça valait le coup d'oeil !

P1090269  P1090273  P1090274  P1090277


  P1090282  P1090283

Avant de se quitter, Jean-Baptiste a demandé pardon à Véronika de lui avoir dit crânement "tu m'embêtes" du haut de ses 3 ans...

P1090284

Et, curieusement, Véronika, "grand seigneur" l'a pardonné !

Village_1 Noël Village_2 Noël

Village_4 Noël Village_8 Noël

Une dernière fois, embrasser Agnielles du regard, pour ne rien oublier. Et tout le monde se quitte, en se donnant rendez-vous dans... le futur !

DSC_0043 Noël

Et sur le chemin du retour, cette étrange 2CV pourpre volante. Parfaite pour remonter le temps ou pour voyager vers le futur... comme un clin d'oeil du destin !




 

 

 

 





Publicité
Publicité
Commentaires
M
Quand retournerez-vous à Agnielles pour un grand rassemblement? Laissez-moi savoir... Merci, <br /> martine (auteure de «Il était une fois Agnielles»)
D
Super ton site! J'ai bien rigolé. La blague sur lea Richardier que tu m'as envoyé par mail mérite d´etre dans ton blog...
Profiter de l'air du temps, prendre la poudre d'escampette.
  • D'abord, écrire pour le plaisir. Confier mes mots aux ailes du vent et patiemment attendre sa réponse. Parler aussi de mon projet et faire passer le message : il est temps de cueillir les petits bonheurs de l'air du temps.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité