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Profiter de l'air du temps, prendre la poudre d'escampette.
30 octobre 2012

TOUT L'OR DE L'AUTOMNE

 

 

PROCHAINES DATES DE STAGES À FAYENCE :  

DU DIMANCHE 5 AU VENDREDI 10 MAI 2013

ET DU 

 DIMANCHE 12 MAI AU VENDREDI 17 MAI 2013

 

 

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Voici déjà venir novembre... J'aime ce mot qui sonne et qui tonne et qui souffle comme le vent. Bientôt il sera temps de sortir nos cache-nez et nos châles, de nous emmitoufler et de lentement nous laisser glisser dans la douce torpeur que procure les temps de froidure...
Pourtant, pendant que la grisaille s'installe en prenant son temps, il y a tout cet or sur les ramures... Comme pour une dernière représentation, la nature s’enflamme et flamboie et nous éclabousse de vermillon, de topaze et d'ambre...
Là-haut, le peintre suprême se déchaîne et nous envoie son bouquet final, alors ouvrons-grand nos mirettes ! Allons par les chemins tenter de capturer la palette d'automne, qui, tel un éventail, se déploie sous nos yeux...

Septembre...

Comme nous rendions visite à nos amis les grands chênes plusieurs fois centenaires dans la commune de Montauroux, Aïcha et Nathalie s'arrêtent net devant une ravissante petite fleur dont les pétales élancés, du plus joli des mauve pastel (lilas azuré, comme je le préfère) leur donne immédiatement à penser qu'il s'agit d'une fleur de safran. Moi-même troublée par la ressemblance, je m'approche de la fleur et l'observe de plus près.

 

 

220px-Crocus_sativus1

 

 Bien que n'ayant jusque-là jamais vraiment cherché à établir la différence entre le crocus du safran (crocus sativus L.) et le colchique de nos prés (colchicum), je savais néanmoins que la confusion peut, hélas, parfois s'avérer funeste. Je recommande donc à mes deux amies de ne les effleurer que du regard et de se contenter de les cueillir par le moyen d'une boîte à images, vantant son pouvoir à capturer la matière dans sa fugacité, tout en préservant les imprudents petits curieux d'hypothétiques dangers.

 

                                                             Fleur de safran

 


220px-Colchicum_autumnaleÀ mon retour, telle une sorcière des temps modernes, bien calée dans mon fauteuil ergonomique, je m'empresse d'invoquer sur le firmament infini du World Wide Web, notre nouveau dieu à tous, «celui qui sait tout», le Dieu Internet.

 La première chose d'importance qu'il convient de savoir à propos du safran, c'est que chez nous il ne pousse pas à l'état sauvage ! Méfiance donc lorsque l'été s'achève, et que sur notre route, nous croyons reconnaître le précieux safran...

 

                                                            Fleurs de colchique

 

Ce point déterminant me conforte dans mon attitude suspicieuse vis-à-vis de cette si ravissante fleur mauve croisée lors de notre balade qui par sa grâce, sa beauté et sa délicatesse, pouvait nous inciter à la supposer d'une innocente innocuité. En effet, s'agissant du colchique, la plante entière produit un alcaloïde très toxique, la colchicine. Dans le dictionnaire raisonné universel d'histoire naturelle, on peut lire :

«prise intérieurement elle est un poison ; car elle gonfle comme une éponge dans la gorge & dans l’estomac, en sorte qu'elle suffoque : on éprouve en même temps une pesanteur & une chaleur considérables autour de l'estomac, un déchirement dans les entrailles, des démangeaisons par tout le corps ; on rend du sang par les selles avec des morceaux de la racine même... La mort peut subvenir jusqu'à 10 jours après l'ingestion ».250px-Colchicum_autumnale_-_Köhler–s_Medizinal-Pflanzen-044

 

Whaou ! On le croit sur parole... Même lorsque l'on sait que la plante peut s'avérer efficace en cas de crise aiguë de goutte, ça ne donne pas envie d'essayer. Aussi, en cas de doute, gardons nous de jouer à l'apprenti sorcier et laissons le Médecin seul juge... Son nom vernaculaire est d'ailleurs explicite et incite à la plus grande prudence : safran bâtard, mort-chien, tue-loup et bien d'autres tout aussi peu engageants...

 

Colchique

 

 

 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                     Le safran quant à lui, commence à fleurir au milieu de l'automne. «La moisson des fleurs doit être très rapide car après leur floraison à l'aube, les fleurs fanent rapidement durant la journée. Il faut approximativement 150 fleurs pour obtenir 1 g de safran sec. Pour produire 12 g de safran séché il faut près de 1 kg de fleurs. 

 Le prix élevé du safran s'explique par la difficulté d'extraction, qui s'effectue manuellement, d'un grand nombre de petits stigmates, seules parties de la fleur à posséder les propriétés aromatiques désirées. Le prix d'achat en grosse quantité de safran de qualité inférieure peut atteindre près de 500 US $ la livre, alors que le prix au détail de petites quantités excèdent près de dix fois cette somme».

 

200px-Crocus_sativus_-_Köhler–s_Medizinal-Pflanzen-194

Il convient toutefois d'être attentif lors de l'achat de cette épice mythique. On dit que 60% du commerce mondial du safran serait frauduleux et contiendrait des produits aussi variés que du curcuma et du paprika mais aussi de la brique et même du plastique ! Attention donc : méfiance si le prix paraît vraiment trop avantageux.

 Utilisation médicinale du safran : aL'épice est utilisée dans la protection contre les effets du stress, pour améliorer les troubles de la mémoire, la perte d’appétit ou bien encore les troubles de l’humeur. Actuellement, plusieurs essais cliniques démontrent le potentiel du safran en tant qu'agent antioxydant et comme anticancéreux.

 

 

 

           safran

ATTENTION :

1 g = 300 pistils (toxique)

20 g = 6000 pistils (dose mortelle). Mais bon, même si on est d'humeur suicidaire, avaler 20 g de safran ne doit pas s'avérer chose aisée, d'autant plus que le goût est très amer...

Pour une infusion médicinale 4 pistils par tasse

 

Si l'expérience vous tente, vous pouvez chez vous planter quelques bulbes sur votre balcon ou dans votre jardin et vous offrir le luxe d'une safranière... Choisissez-les bios pour une utilisation optimale.

 

 

220px-Safran_-_Saffron_bulbs

Petit poème de moi :

Les stigmates de l'Éternelle Jeunesse

 

Lorsque vient la fin de l'été,

Fillette,

Chante les colchiques dans les prés.

Mais au mitan de l'automne,

En ton jardin, demoiselle,

Cueillir le safran descend vite.

Car au vent mauvais leurs pistils,

De l'aube nés, déjà se délitent.

Cueille ces Stigmates d'or !

Car d'une éternelle jeunesse

Ils t'apportent la promesse. 

Bois-les ! Si tel est ton désir

Que ta grâce jamais ne pâlisse !

 

Les colchiques

(Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

Le pré est vénéneux mais joli en automne

Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la
Violatres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne

Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières

Qui battent comme les fleurs battent au vent dément

Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne

Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

 

 

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Commentaires
L
vive les vacances pour trouver le temps de te lire, chére mariouschka, je savais la colchique néfaste mais à ce point là ....... tes photos nous montrent une choses trés simp^le la colchique en fleur n'a jamais de feuille , ce qui n'est pas le cas du safran! ensuite les feuilles de colchiques grosses et larges et qui n'apparaissent qu'en été/ pritemps sont fort différentes. crocus et colchiques ont donc des feuillages variés....<br /> <br /> <br /> <br /> Pour ma part en régle générale je me méfie des liliacées ( sauf ail et oignon) .....<br /> <br /> le poéme est charmant , et les vertues thérapeuthiques du safran m'étaient inconnues. je vais ysonger car on m'en a donné quelques brins frais qui sont autrement plus parfumés que ceux du commerce. <br /> <br /> Seulement voilà nos recettes françaises avec safran sont bien rares: la soupe de poisson, la paella ( française ??) et basta! <br /> <br /> les italiens et les indiens ( yaourt éssoré au safran) l'utilisent plus et mieux que nous : à chercher sur le web.<br /> <br /> Enfin pour magnifier cette épice étrange il faudrait le cuire - peu- dans de la matière grasse et de l'acide........<br /> <br /> <br /> <br /> Bon mais si je continue je crains que tu ne metrouve BAVARDE ma chère marie !<br /> <br /> <br /> <br /> Trés bonne bise Marie<br /> <br /> lucile
M
Très bon article, très intéressant! J’eus ouïe dire qu'un accident de ce genre a fauché un pauvre américain en Alaska. Ils en on même fait un film, que l'on peut traduire par "Dans le sauvage". (je suis traductrice de naissance.) Le pauvre bougre était si malade d'avoir mangé une mauvaise plante que l'ours qu'il croise à la 450ème minute (oui un long film) ne daigne même pas le goûter. <br /> <br /> Superbe poème, et je dois avouer que si vous n'étiez pas ma mère, je douterais de votre réelle identité! Car c'est Rimbaud, Baudelaire et autre illuminés meurtri qui s'invitent dans vos écris! <br /> <br /> Cordialement,<br /> <br /> Madeleine.
B
Un beau poème. Et des choses apprises, notamment sur la colchique, faux ami !
Profiter de l'air du temps, prendre la poudre d'escampette.
  • D'abord, écrire pour le plaisir. Confier mes mots aux ailes du vent et patiemment attendre sa réponse. Parler aussi de mon projet et faire passer le message : il est temps de cueillir les petits bonheurs de l'air du temps.
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